-Très bien, je vais te raconter ...
C'était il y a environ deux ans ... 'Fin, les dates, en temps
de guerre, tu sais ce que ça vaut ... On s'était plus ou moins débarrassé de la
menace actuelle. Je crois qu'on en avait après un avant-poste de Cerberus. Dans
tous les cas, j'ai préféré partir seul sur ce coup-là. J'avais reçu des infos
anonymes sur la localisation d'un "objet" qui, selon le type, était
une grande source de pouvoir ... Je savais pas ce que ça valait, mais je
pouvais pas me permettre de laisser passer une occasion pareille. Pour le coup,
je préférais ne même pas savoir d'où venaient les infos. J'ai loué un petit
chasseur et je me suis mis en route. Le voyage a pas été bien long,
l'hyper-propulsion est plus efficace sur ces petits vaisseaux. Quand je suis
arrivé aux coordonnées de l’artefact, je m'attendais à une épave, une planète
ou même un autre vaisseau ... Mais à la place, j'ai trouvé une lune. Une de ces
petites lunes avec juste assez d'oxygène pour sortir sans masque, mais pas
assez pour respirer confortablement. 'Fin, tu vois l'genre. Mais c'était sans
importance, c'était le chantier d'excavation qui m'intéressait. Je me suis posé
à une distance respectable et, le temps d'une préparation mentale, j'étais aux
portes de la base. J'ai d'abord eu peur que ça soit "made by
Cerberus", mais les uniformes des gardes correspondaient pas. Je me suis
d'abord annoncé -il paraît que les gens apprécient pas de voir leurs potes
s'effondrer sans savoir pourquoi- et j'ai demandé à voir un responsable. Je
voulais essayer d'y aller tranquillou, pour une fois. Mais tu crois qu'ils
m'auraient laissé passer, ces Yaghs ? Que dalle !
-Ouais, et moi j'aimerais voir ma patronne à poil !
Il a rien trouvé de mieux à me répondre. C'est là que je me suis dit que j'allais oublier la finesse. Le temps que le premier finisse de se
marrer, l'autre avait largement eu le temps de contempler ses tripes. Il a
quand même tenu à venger son pote et a répliqué avec une rafale. Mais pas assez
vite. T'aurais du voir sa gueule quand les balles se sont arrêtées à un mètre
de moi ! Haha !
Toujours est-il que l'instant d'après, il avait un joli trou
au milieu du front. Récupérer un pass sur l'un des corps et entrer dans la base
a pas posé de problème. En revanche, j'ai pas entendu leurs potes gueuler dans
leur radio. Sinon une balle aurait pas sifflé à mon oreille pendant qu'une autre
se plantait dans ma jambe. Un autre couple de casqués était arrivé, et le
second m'avait pas loupé !
Mais ils ont fait une erreur: se mettre entre le mur et une
caisse de fournitures. 'Pensaient être à couvert ? Nenni. Une bonne poussée
kinétique dans la caisse et c'est à deux corps disloqués que j'avais affaire.
J'entendais leur respiration sifflante, je sentais presque leurs côtes
transperçant leurs poumons, et ça valait bien la douleur qui me vrillait la
cuisse. En vérifiant qu'ils puissent pas appeler de renforts, j'ai rapidement
regardé ma blessure pour constater que la balle avait transpercé. Au moins,
j'aurais pas à me la faire retirer. J'ai serré les dents pour le gel Zenthran
et je suis reparti. Je me suis dit que j'allais passer par l'aération, si ça
pouvait m'éviter une autre balle. J'ai vu passer quelques patrouilles, mais
rien de bien méchant. Je me suis bien amusé avec la dernière.
Je les ai regardé passer à travers la grille, j'en ai choisi
un des deux et j'ai fait le vide.
Je voyais son esprit et celui de son camarade. C'est comme
si je pouvais promener mes doigts sur son cerveau ... C'est vraiment une sensation unique. C'est à ce moment-là que j'ai balancé ma décharge.
Tout ce que son pote a vu, c'est que son binôme s'est
soudainement affalé, raide mort. J'ai tranquillement continué mes reptations,
couvert par les tentatives de compréhension du mercenaire.
Je suis finalement arrivé devant l'ascenseur qui devait me
mener au fond du trou. Je me suis retrouvé suspendu, la tête en bas, à essayer
de désactiver la caméra tout en restant hors-champ. C'était laborieux, mais j'y
suis parvenu. Ensuite, j'ai dû attendre d'arriver en bas. Et c'était long, très
long ...
Je pensais avoir tout le temps de penser à ce que j'allais
trouver, ce que j'allais en faire, ce que je parviendrais à en faire ... Mais
j'ai rapidement été stoppé dans mes réflexions par un brusque arrêt. Ils avaient coupé le courant, j'en ai
déduit que j'étais repéré. Le bruit sourd sur le plafond m'a intrigué, mais
quand les mercenaires ont commencé à tirer dans la cage d'ascenseur, le doute
n'était plus permis. J'ai réagi à l'instinct. J'ai utilisé ma lame kinétique
pour ouvrir l'ascenseur en deux ... Ç'a été efficace, je me suis vite retrouvé
en chute libre, entouré par des soldats beuglant des prières. Je leur ai faussé
compagnie quelques mètres avant le fond. Je crois que j’ai économisé un peintre
à l’entreprise …
Je n'ai pas eu à chercher longtemps pour trouver les ruines
prothéenes. Non seulement elles étaient au centre de l'excavation, mais en plus
je ressentais un genre d'aura psy, mais plus diffuse et abstraite que celle
d'un humain ... J'ai avancé un peu au pif, laissant mon subconscient me guider
au travers des coursives et autres débris ... Je me suis baladé pendant une
bonne heure avant de finalement savoir ce que je cherchais ... J'ai dû déblayer
moi-même quelques morceaux de coque, mais je suis finalement tombé dessus. Un
genre de petite pyramide de 20 centimètres de haut, parcourue par d'infimes rainures qui ressemblaient à des lumières éteintes. C'est dur à décrire, c'était
diffus et confus. Toujours est-il que l'objet avait quelque chose de très ...
distrayant. Et pour cause, le mec qui m'a collé un flingue sur la tempe a
réussi à me surprendre.
-C'est un joli joujou que tu nous as trouvé là, Ani ...
En entendant ce surnom -que, par ailleurs, je te défie
d'essayer de répéter ...-, j'ai fait volte-face. Se tenait là accompagné par
trois mercenaires le patron du site en question lui-même. Mon frère, Tenkithar.
Je tenais l'artefact au bout de mon bras ballant en lui
balançant:
-T'oserais pas appuyer sur la gâchette, "Tini".
Son surnom à lui l'a fait rire.
-Tu ne mesures pas la valeur de ce que tu tiens dans ta main
... Allez, donne-le moi et je n'aurai pas à ordonner à mes hommes de te tuer.
-C'est toi qui ne mesures pas tout ce que cet artefact peut
apporter. Et tu ne me connais plus aussi bien que dans notre enfance. J'ai
changé.
Que je lui ai rétorqué. Mais tu crois qu'il m'aurait écouté
? Que dalle. Il a dû alors faire un signe à ses gardes, ou c'est moi qui ai
fait une connerie, mais dans tous les cas, l'un des mercenaires a abaissé son
arme ... Et m'a shooté la cuisse. Ah, j'ai beuglé, tu peux me croire. À
quelques centimètres près, il se serait contenté de me rouvrir le trou que je
tenais de son collègue.
Mais ça un avantage avec la douleur ... C'est la décharge
d'adrénaline qui suit. Mon frère a dû la voir venir, parce qu'il s'est vite
planqué après le coup de feu. Les autres ont préféré faire les malins sur
"comment ils avaient mis à terre l'intrus inarretable". Toujours
est-il que l'instant d'après, ils étaient partagés. La mort lente, ou la
tentative de survie ? Ma lame kinétique a frappé de plein fouet le premier,
tranché net au niveau de l'abdomen. J'ai pas réussi a traverser le deuxième, il
m'a manqué quelques centimètres. Quant au dernier, biin ... Manque de pot,
quand son collègue a voulu m'allumer, il a basculé. Ses pieds étaient fermes
pourtant. C'est le haut du corps qui a merdé. Il lui a mis deux balles dans le
buffet et une dans l'épaule.
Tu penses que moi-même je faisais pas le fier. Je pouvais
même pas me relever, tellement cette jambe me faisait mal. J'ai utilisé ma
kinésie pour me remettre sur pieds, ce qui a ptetre été aussi bien. En me
voyant m'élever dans les airs, le frangin a préféré ne pas la ramener.
Après, le retour était en terrain connu, j’ai pu me
téléporter à l’entrée. Et j’ai eu une bonne surprise, alors que je m’affalais
contre le mur, près de la porte.
-Je te dépose quelque part ?
C’était Sandy, la pilote du Normandy, qui passait dans le
coin. J’allais enfin pouvoir me pencher sur cet artefact …
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